Votre voyage au Japon approche à grand pas et vous hésitez à remplir votre sac de rasoirs ? Vous faites bien de vous poser la question. Après tout vous avez peut-être entendu des légendes sur des occidentaux qui ne seraient pas revenus vivants du Japon, la faute à leur pilosité faciale développée… C’est sûrement faux, mais cela nécessite quand même quelques éclaircissements.
La barbe ennemie public numéro 1 au Japon ?
Preuve du peu d’estime apportée à la pilosité faciale au Japon, le seul terme « hige » et ses rares variantes permettent de la définir. Rien à voir donc avec le riche vocabulaire des langues anglaise ou française sur ce sujet (ex : « Ce bouc te sied à la perfection François, mais je préfère quand même les favoris de Kevin. »).

Akio Toyoda, PDG de Toyota, aussi aérodynamique qu’une Formule 1.
Dans le monde professionnel aussi, on lui mène la vie dure.
Pour beaucoup d’entreprises au Japon, c’est dans le règlement, pas de barbe, et on ne plaisante pas avec ça, cela mène parfois jusqu’à des procès.
Quand la barbe était un symbole de puissance.
Cependant, la non popularité de la barbe au Japon ne vient pas uniquement d’un souci de présentation ou d’hygiène comme on pourrait le croire. C’est même un ennemi historique.
Pour faire court, la barbe fournie qui permettaient aux fameux samouraïs d’avoir l’air un tant soit peu sérieux, est devenue un symbole négatif quand le pays a gagné en stabilité politique. Elle reflétait alors une image de violence, voir un possible esprit de rébellion.

Typiquement le genre de mec à qui il ne vaut mieux pas chercher des noises
A partir de là, les seigneurs se sont soigneusement rasés et la barbe a même finie par être bannie pour ne pas porter atteinte à la morale publique (rien que ça).
Il y a bien eu quelques soubresauts, comme pendant l’époque victorienne, mais la barbe est toujours restée confidentielle, et l’arrivée des rasoirs modernes n’a fait que confirmer cette tendance.
Mais alors, que lui reste-t-il ?
Dans certains domaines comme le milieu artistique, les métiers créatifs et ceux de la nuit, la barbe est quand même de plus en plus tolérée, acceptée, et même osons le dire, un accessoire de mode.
Des artistes Japonais de renommée internationale arborent le fameux « hige« , comme le plasticien Takashi Murakami ou le musicien New age chevelu Kitarō (à ne pas confondre avec un Gypsy King, de loin, dans une salle de concert mal éclairée).

Je suis un artiste. Je porte la barbe. Je fais ce que je veux.
Cette démocratisation de la barbe peut se comprendre à Tokyo, capitale multiculturelle, qui voit débarquer de nombreux occidentaux arborant fièrement leur toison faciale, mais ce n’est pas l’apanage des grandes villes. Il semble en effet que même dans les coins reculés, si vous êtes un barbu sympa, les gens vous accepteront bien volontiers.
Comme quoi les codes du monde professionnel Japonais sont peut-être un peu trop vieux jeu après tout…
Messieurs, si vous êtes en route pour visiter le Japon, vous le savez maintenant, rien ne vous empêche de prendre votre barbe dans vos bagages ! Vous ne risquez rien, à part peut-être quelques regards curieux, mais après tout, rien de mieux pour lancer une conversation.
Ça tient aussi pour les dames bien-sûr, mais…
En bonus
En bonus, la magnifique fausse barbe comestible, principalement composée de haricot rouge du Japon. A peu de chose près on dirait une vraie…

Azuki Bean Beards.
Et l’impressionnant Gaishi Nagaoka (1858-1933), commandant de l’armée de l’air Japonaise.

Oui, au milieu.
bonjour Bastien, en fait il y a une pratique dans l’école de la Nichiren Shû où les moines suivent une retraite de 100 jours et à la fin, ils sont tous très barbus. 9a s’appelle « kito ».